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10 mai 2007 Centre culturel Vitré Le sport : emplois et financements.
Introduction Pierrick Morin L’ objectif de la soirée est d’entendre vos réflexions pratiques, votre vision de l’encadrement sportif, ou plus précisément de l’accompagnement de l’emploi sportif. Si un dialogue s’instaure entre les divers partenaires et que vous avez envie d’initier une démarche de projet pour votre structure (au niveau de la commune, de l’association...), que vous puissiez vous inspirer d’actions initiées ailleurs et qui fonctionnent ..., nous estimons que nous aurons en partie répondu aux objectifs de la soirée. Avant de laisser la parole aux intervenants, quelques réflexions issues de ma pratique personnelle de responsable associatif sportif, et qui, je pense, ressemble à celle de bon nombre de personnes présentes dans la salle. Il existe des “Freins au développement“, à savoir : - le manque de recul des responsables souvent happés par l’urgence : l’urgence du début de saison, l’urgence du résultat, .... qui fait que lorsqu’un projet club existe, s’il existe, il a du mal a être élaboré, évalué, voir réécrit - La passion l’emporte souvent sur le raison, notamment dans l’élaboration des budgets d’avant saison ... - la difficulté d’expliquer au staff technique et aux utilisateurs les rigueurs financières, les différences entre sport pro et contingences amateurs ... - les difficultés énormes pour des sportifs de haut niveau, mais amateurs, de concilier travail et souvent quatre entraînements hebdomadaires. - La fin des systèmes emplois-jeunes, et l’absence de pérennisation de ces mêmes emplois qui étaient sensés aidés à structurer l’emploi sportif . Par ailleurs, le bénéficiaire a souvent été floué puisque il y a eu absence de formation et d’horizon professionnel réel, ou alors il est arrivé souvent dans la réalité que la finalité de l’emploi jeune était d’accueillir un nouveau joueur dans son effectif et non pas un nouvel éducateur - Des systèmes de financement ont vu le jour avec des conventions tri-partite, avec la difficulté accrue de ne plus avoir une seule collectivité comme interlocuteur, mais plusieurs avec souvent des enjeux de pouvoir entre elles. De très nombreuses disparités de subventions entre les diverses collectivités locales et des subventions versées en cours de saison ou même a posteriori les années suivantes, qui entraînent de sérieuses difficultés de trésorerie. - La difficulté dans une même structure de développer sport de masse et de haut niveau avec des mises en danger de la masse par ce même haut niveau, notamment dans les structures omnisports. - Des financements “habillés“ où l’on qualifie certains montants sous l’appellation subventions de communication, et où l’on qualifie le sport de “spectacle“. - La difficulté de faire comprendre à la fois aux clubs amateurs qu’il y a nécessité de gérer le club comme une entreprise (budget prévisionnel, suivi des encaissements, des dépenses, ...) et aux élus que nous ne sommes pas sur le secteur marchand, et qu’il doit y avoir valorisation de l’apport de l’association et de l’emploi sportif à la collectivité. Celle-ci se devant alors d’en assumer une part du financement. - et en dernier, la complexité de la fiscalité des indemnités versées aux pratiquants d’un certain niveau. Intervenants Jean-Luc BENNAHMIAS Député Vert Européen et Journaliste Sportif à Europe 1. Il est Auteur des rapports : pour le Conseil Economique et Social (en 2002) sur le sport de haut niveau et l'argent. et pour le Parlement Européen (2007) du rapport pour avis sur l'avenir du football professionnel en Europe. les axes qu’il défend pour le sport : - Transparence financière, avec la création d'un organe indépendant , composée de juristes indépendants et d'experts comptables, qui veillera à la santé financière de l’ensemble des clubs européens professionnels avec une réelle capacité de sanction. - la certification européenne des agents de joueurs; - la lutte anti-dopage, la préservation de la santé des joueurs avec un suivi longitudinal effectué par des médecins indépendants, - la lutte contre le racisme et les discriminations Guilhem PORCHERON Il accompagne dans leurs démarches professionnelles, des sportifs et des projets sportifs de haut niveau depuis près de 20 ans. Actuellement il dirige "Sports & Management" et effectue des missions d’études et de conseil auprès de fonds d’investissement spécialisés dans le secteur du sport, du tourisme et des loisirs. Il a également été Directeur du master en management du sport d’Audienca Il est par ailleurs élu et secrétaire national du parti Radical de Gauche, et par conséquent très sensibilisé au politique de la ville notamment sur le soutien au sport et à l’emploi sportif. Jean-Luc GOURMELON Directeur du Centre Social du Pays de Vitré. Centre social qui dispose de l’Agrément de la Direction Régionale Jeunesse et Sports pour l'expertise et l'accompagnement de la mise en oeuvre des PEL : Plans Educatifs Locaux. Il nous présentera sa structure ainsi que les outils d’expertise dont il dispose pour accompagner les démarches de projet que vous, responsables associatifs, ou élus locaux souhaitez mettre en oeuvre. Synthèse des interventions - Jean Luc BENNAHMIAS En France et en Europe, il n’y a pas de coupure entre le sport de haut niveau professionnel et le sport amateur. La liaison continuelle permet que le sport professionnel finance une partie du système. La Française des jeux, 400 millions d’euros, finance le fond national du sport et redistribue sur les clubs. Il faut que cela dure, mais les clubs professionnels aimeraient gérer leur potentiel financier entre eux (modèle USA). Le sport dégage de plus en plus des marges financières et fait partie de l’économie de marché. Il y a besoin de règles européennes qui permettent à l’ensemble du système de subvenir à ses besoins. Il faut que les règles sportives correspondent aux règles du droit du travail et des droits sociaux. Il y a en Europe dans le sport de haut niveau du blanchiment d’argent venant des différentes mafias et le problème du dopage. On a besoin de régulation, de redistribution et de s’occuper des êtres humains, sportifs professionnels ou amateurs. Un contrôle médical (le sport de haut niveau est mauvais pour la santé) pour éviter aux pratiquants de tomber dans des médicalisations non contrôlées et qui peut mener à des addictions au même titre qu’un drogué à l’héroïne. - Guilhem PORCHERON Derrière les pratiques sportives il y a une économie, une philosophie, et une politique. Pour moi, il y a une vision politique de droite et de gauche du sport. Je pense avoir une vision de gauche du sport en ce qui concerne le sport de masse et une vision plus professionnelle, mois idéologique en ce qui concerne le haut niveau. Sur la question de l’emploi, quelles sont les perspectives de développement ? Le haut niveau ne concerne que les sportifs individuels ou collectifs qui ont des résultats internationaux. Le reste c’est du haut niveau régional, local. Les organisations qui correspondent au haut niveau ne répondent pas aux problématiques locales. Le haut niveau est financé par le loto etc, donc les citoyens. Pour travailler dans les filières du sport de haut niveau, il faut acquérir des diplômes, être proche de l’INSEP ou d’un club qui accueille des sportifs de haut niveau. Le sport de haut niveau n’est pas la partie émergente du sport de masse, il appartient à un autre univers. Il doit être traité comme le monde commun, le dopage doit être considéré comme une drogue dure et il ne faut pas qu’il y ait une juridiction particulière du sport. Tous les sportifs de haut niveau sont maintenant professionnels et ont un niveau de vie correct et c’est une vraie évolution depuis 10 ans. Pour le sport de masse, je me bats contre le bénévolat. La valeur emplois représente entre 450 et 550 mille emplois en France. Les bénévoles sont souvent des gens de bonne volonté qui ont la possibilité d’avoir du temps libre. On sait que le sport s’appuie sur le bénévolat, bien évidemment je suis pour, mais dans une Ville qui a de l’argent, je trouve que c’est de la fausse monnaie. Il faut que la Ville soit là pour payer des gens à travailler à la place des bénévoles. Les emplois jeunes étaient destinés à devenir des emplois pérennisés sur cinq ans. Faire prendre conscience qu’ils correspondent à une nécessité, du rôle social du sport de masse et de l’animation du sport de loisirs. On a supprimé les emplois jeunes et on revient au bénévolat. Les dirigeants n’ont pas eu suffisamment conscience qu’il fallait trouver des moyens de financement pérennes : cotisations des adhérents, subventions des collectivités, financements privés. - Jean Luc GOURMELON Le bénévolat a une image un peu vieillote. Il y a les "bénévoles actions" qui entraînent les jeunes, les accompagnent faux matchs. Les "bénévoles ressources", capables de donner un coup de main pour la comptabilité, un site web…et les "bénévoles dirigeants". Il faut qualifier les projets des associations. Or si on ne qualifie pas les acteurs du projet, on ne qualifie pas le projet. Lorsqu’il y a un professionnel, on renforce le bénévolat, on dégage du temps pour réfléchir, construire, militer. Mais certains bénévoles préfèrent rester sur des actions qu’ils connaissent bien. Il n’est pas toujours facile de qualifier les professionnels mais il y a des fonds de formation. Pour les bénévoles, c’est plus difficile et cela reste à faire. Or aider les bénévoles à devenir des permanents, c’est aussi l’histoire du mouvement syndical. Les bénévoles cadres se forment, les autres très peu. Il serait important aussi de parler des compétences collectives d’une association. Le centre social peut accompagner des initiatives dans le domaine de la jeunesse, développer des coopérations avec des associations locales ou des petites communes rurales pour entreprendre des débuts de politique jeunesse. Le centre social soutient la vie associative par la mise à disposition de locaux (la ville nous a délégué cette fonction), a un rôle de conseil, il y a beaucoup de travail à faire : aide à la comptabilité, à élaborer un projet… On a aussi mis en place des formations sur les statuts, le budget d’une association… Quelques échanges entre les intervenants et la salle Jean Yves Dinam, président de la Vitréenne La Vitréenne ce sont 600 adhérents. On est dans une certaine logique économique, on ne prête qu’aux riches. Je n’ai pas d’emploi dans l’association parce que je n’ai pas de ressource humaine pour démarcher, bâtir les dossiers, enclencher toute la chaîne qui fait que je vais trouver des ressources financières, les gens dont j’ai besoin. Pierrick Morin Les PEL (projet éducatif local) permettent d’interpeller les financeurs potentiels. Le PEL dans le sport est sous exploité, ils sont essentiellement utilisés pour le péri-scolaire. Guilhem PORCHERON Réfléchir à : combien ai-je de bénévoles dans mon association ? A combien de temps cela correspond ? A combien d’emplois ? Vous n’avez peut être pas besoin d’un plein temps mais d’une petite main universelle qui va faire un peu de compta, de courriers, de recrutement, trouver des subventions… Pourquoi ne pas mutualiser avec d’autres associations ? Utiliser les chiffres pour exiger, c’est un combat. La force c’est le poids que vous représentez au niveau local. Je ne veux pas supprimer le bénévolat mais c’est un champ économique à investir pour trouver de l’emploi. D’un côté on surfinance des emplois qui sont en diminution dans l’agriculture par la PAC, de l’autre côté, on ne crée pas d’emplois non délocalisables, en croissance et pour un coût moindre. Jacques Perrier, animateur sportif Le bénévolat est fort dans les communes rurales et il y a la notion de plaisir pour les bénévoles. Si la demande pour créer un emploi est compliquée, le plaisir n’existe pas. La solution est alors d’aller vers les "Politiques" pour demander cet emploi sportif. Or il peut empêcher la réflexion, la dynamique et la réalisation du projet. Les Politiques ne sont pas là uniquement pour verser de l’argent mais pour être avec les personnes et mobiliser les associations. Pierrick Morin Les associations qui se posent la question de l’emploi sont les associations qui se développent. Celles qui ne reposent que sur le bénévolat, risquent de subir une crise le jour où elles perdent un ou deux bénévoles. On ne peut pas exiger le même service d’un bénévole que d’un salarié. Yves Gaudin - co-président en charge section féminine basket de l’Aurore On aura toujours besoin des bénévoles pour accompagner les jeunes aux matchs. Le problème c’est comment concilier les bénévoles et les professionnels. Guilhem Porcheron Il y a surabondance de diplômes sportifs qui ne débouchent pas sur des emplois. Il y a beaucoup de stages obligatoires qui sont effectués dans l’évènementiel sportif, dans la communication …et qui ne sont pas rémunérés. Jean Luc Gourmelon Le développement de l’emploi dans l’animation socio-culturelle et dans l’éducation populaire date de 1979. Ce qui a fait la création de tous les emplois que l’on connaît maintenant c’est l’utilité sociale reconnue qui a apporté une plus value. L’utilité du sport est évidente : plaisir, santé, lien social, économie… La mutualisation permet de partager et de peser. On ne peut rien faire si chaque association reste enfermée dans son réseau propre. C’est le cas à Vitré où il y a beaucoup d’associations de mono activité. Il manque une coordination associative. Christophe Nicaud Quel impact y a t-il à Vitré dans l’accueil de sportifs de football de haut niveau ? Quelles sont les conséquence pour le club ? pour la Ville ? Guilhem Porcheron Attention danger pour le sport de niveau régional ! Au niveau de l’athlète qui a une pratique professionnelle sans avoir l’encadrement professionnel qui permette la défense de ses droits et qui lui permette de préparer sa reconversion. Danger pour la municipalité. On est en CFA, on veut monter et c’est la course aux subventions. Or c’est l’argent qui fait les victoires. Jean Luc Bennahmias Il n’y a pas de réelles potentialités de financement pour les collectivités à ce niveau régional ou départemental. Les financements ne sont pas extensibles. A Vitré, deux clubs de foot, il y a une histoire compréhensible mais…
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