Pour un emploi de qualité et une économie relocalisée



L’accélération de la mondialisation libérale serait une fatalité à laquelle il faudrait que chacun s’adapte. C’est oublier de dire que cela résulte de choix, politiques et idéologiques, imposés par des groupes financiers internationaux, relayés par les gouvernements des principales puissances et par les institutions internationales (OMC, FMI, Banque mondiale…).

Cela s’accompagne aussi dans les pays développés d’une remise en cause de « l’Etat providence », de son désengagement au profit des intérêts privés, d’une diminution de son rôle en matière de protection sociale et de menaces sur le fonctionnement des services publics.

Les entreprises doivent s’adapter aux fluctuations du marché. La localisation des productions est dépendante des marges financières que peuvent retirer les actionnaires.

Un nouveau modèle salarial nous est imposé sensé permettre au marché européen de rivaliser avec ses concurrents d’Asie, d’Afrique du nord ou d’Amérique : emplois précarisés, flexibilité, bas salaires…

A Vitré, la délocalisation de Mitsubishi en Chine après seulement douze années et d’importantes aides financières octroyées, a été un désastre pour des centaines de salariés.

Les entreprises traditionnelles locales (Noël, Coudémaille, Texier, Sofail, Nounours …) ont, elles aussi, réduit leur personnel et leur avenir reste très préoccupant.

Pourtant avec 4,2% de demandeurs d’emploi en mai 2007, Vitré a le plus faible taux de la région (moyenne Ille et Vilaine = 6,4%). C’est le résultat d’une mobilisation et d’une bataille quotidienne des acteurs économiques locaux et des élus afin de soutenir et de diversifier les entreprises locales et d’attirer de nouveaux emplois.

Cela reste cependant fragile : la part prépondérante des emplois se trouve dans le secteur industriel, principalement dans l’agroalimentaire. Le secteur tertiaire, davantage employeur de personnels féminins, se développe peu. Si les chiffres globaux baissent, la proportion du chômage féminin est, elle, en hausse (54% en 2003, 58% en 2005, 61% en mai 2007).

Ce faible taux de demandeurs d’emploi, qui ne prend en compte que ceux classés en catégorie 1, cache de nombreuses situations de précarité.

Dans les entreprises vitréennes, les salaires restent généralement bas, au niveau du SMIC. De plus, nombreux sont les salariés à temps partiels ou ceux alternant les CDD (y compris dans le secteur public). Ce n’est pas un hasard si onze agences d’emplois intérimaires sont implantées à Vitré.

Une étude régionale de l’INSEE et de la CAF en 2002, notait que beaucoup de Bretons sont à la limite de la pauvreté ; leurs revenus ne dépassaient pas 60% du revenu médian (taux de pauvreté=50% du revenu médian).

Ces travailleurs pauvres, nous les trouvons aussi à Vitré notamment parmi les familles monoparentales et parmi les couples avec enfants dont un seul des conjoints travaille.

De façon générale, les salariés de la région de Vitré ne disposent pas d’un pouvoir d’achat suffisant.

Aux faibles revenus, s’ajoutent des conditions de travail de plus en plus difficiles. Il est demandé aux salariés d’accroître à la fois leur productivité et de s’adapter (et adapter leur vie familiale) à des horaires décalés, à des rythmes et à des postes de travail continuellement changeants. Comme le chômage, la flexibilité a un coût social. Généraliser la flexibilité, c’est placer le salarié dans une situation d’incertitude, de moindre intégration dans l’entreprise.

Alors que le faible taux de chômage à Vitré devrait permettre aux salariés d’obtenir de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires, la quasi absence de mouvements sociaux et la faible représentativité syndicale ouvrière les maintiennent dans une situation individuelle préjudiciable.

Nos propositions

ViVA souhaite agir sur l’économie locale et l’emploi :

Ø       réduire le chômage ET promouvoir un emploi de qualité,

Ø       développer les emplois du secteur de l’environnement et des énergies renouvelables,

Ø       promouvoir des services publics de qualité en préservant l’emploi public,

Ø       aider particulièrement les projets créateurs d’emplois non délocalisables,

Ø       soutenir les projets d’économie sociale et solidaire (ESS) pour entreprendre autrement,

Ø       soutenir le commerce de proximité.


 

 

Ø       Réduire le chômage ET promouvoir un emploi et des projets de qualité

Pour nous ces deux préoccupations doivent être liées.

La municipalité de Vitré, avec les élus communautaires ont aussi un rôle important pour montrer que le progrès social est possible à Vitré.

Des fonds sont offerts aux entreprises afin de réduire leurs charges lors de leur installation sur le territoire. L’éligibilité aux fonds d’aide pourrait être notée en fonction des critères suivants :

§         la qualité des emplois (rémunération, accès à la formation, égalité professionnelle hommes/femmes…),

§         la démocratie et le dialogue social, la représentation syndicale et le respect du droit du travail,

§         la durabilité et la pérennité des emplois,

§         l’utilité sociale et l’innovation,

§         la contribution à la diminution de l’empreinte écologique.

 

Ø       Développer les emplois du secteur de l’environnement et des énergies renouvelables

La préservation de l’environnement génère des besoins nouveaux, sources d’activités et d’emplois.

C’est pourquoi nous proposons de favoriser le développement de ce secteur économique sur le territoire de Vitré communauté :

Ø       Promouvoir des services publics de qualité en préservant l’emploi public

Nous sommes très attentifs à l’évolution des emplois publics. Pourquoi partir du principe qu’il ne faut pas remplacer le départ en retraite d’un fonctionnaire sur deux ?

En effet, il y a des besoins en terme d’accueil de la petite enfance, d’accompagnement de la jeunesse, de maintien à domicile des personnes âgées, d’entretien de la voirie, de sécurité, etc. C’est par une gestion sérieuse des ressources humaines que pourront être assurées ces missions.

Des priorités sont sans doute à dégager qui peuvent entraîner des redéploiements dans les services, mais une gestion au coup par coup par la multiplication de contrats précaires ne permet pas une sécurisation des agents, empêche leur évolution de carrière et ne rend pas, au final, un service de qualité aux habitants de la ville.

 

§         Dans les services municipaux, avec les représentants syndicaux, nous proposons de :

-          faire un bilan social de tous les services municipaux,

-          lancer un calendrier de « déprécarisation », en favorisant l’accès aux concours et en titularisant dès que possible (exemple : les aides ménagères au CCAS ou les professeurs de l’école de musique),

-          soutenir une véritable représentation syndicale dans les services, gage de dialogue social interne.

Ø       Aider particulièrement les projets créateurs d’emplois non délocalisables

Les leçons du passé proche nous ont appris que les secteurs industriels en prise avec la mondialisation et la concurrence des pays émergents à bas salaires sont amenés à se délocaliser selon le bon vouloir des actionnaires.

Sans doute, face au coût des transports, certaines activités seront amenées à se relocaliser. Mais actuellement, aucune stabilité de l’emploi n’est garantie sur plus de 10 ans.

Quels emplois faut-il alors aider ?

Ce socle d’entreprises stables, générateur d’emplois garantis, peut être construit localement en favorisant ce qui n’est pas délocalisable : tourisme, agriculture, services aux personnes, « tiers secteur » (ESS), artisanat, commerce, environnement, énergies renouvelables…

 


 

Ø        Soutenir les projets d’économie sociale et solidaire (ESS) pour entreprendre autrement

Se positionnant en dehors de l’économie de marché classique et du secteur public, un certain nombre d’initiatives ont pour priorité la solidarité, la lutte contre l’exclusion et la protection de l’environnement. Très innovantes par l’exploration de nouvelles niches d’activités, par la recherche de financements éthiques, elles sont portées le plus souvent par des associations, des coopératives et des mutuelles.

L’économie sociale et solidaire est une réponse pertinente pour permettre aux groupes de personnes sans grands moyens financiers de créer leur activité. Elle répond à des besoins locaux émanant directement des citoyens.

De plus, elle est basée sur des principes favorisant l’émancipation et la participation des individus : démocratie dans les processus de décision, autonomie de gestion… Mettre l’humain avant le profit. Les travailleurs de l’ESS sont donc au cœur de leur entreprise.

Les besoins auxquels peut répondre l’ESS sont nombreux et sont parfois partiellement pris en charge déjà sur le secteur de Vitré, citons par exemple :

Afin de soutenir et de promouvoir le secteur de l’ESS, nous pourrions mettre en place plusieurs actions :

 


 

Ø       Aider une agriculture locale vivante en lien direct avec la ville et ses habitants

 

Vitré a su garder des liens très forts avec son environnement rural. C’est évidemment une chance pour l’avenir car nous reprenons conscience de l’importance de préserver les espaces naturels, les exploitations agricoles, sources de notre alimentation et source d’emplois aussi pour l’industrie agroalimentaire, secteur très important dans notre région.

Pour cela, il nous semble important de :

§         préserver les terres agricoles en limitant l’étalement de la ville,

§         aider l’agriculture locale en privilégiant les approvisionnements, notamment issus de l’agriculture biologique, dans la restauration scolaire,

§         accueillir les producteurs sur les marchés de la ville,

§         aider à la mise en place d’AMAP.

 

Les marchés de Vitré

L’évolution sociologique de la région, l’évolution de l’agriculture, les nouveaux rythmes de travail, sont les explications à la baisse de la fréquentation du marché traditionnel du lundi matin et du succès du « petit marché du samedi ».

Autant les habitants des communes voisines viennent de moins en moins le lundi vendre leurs produits ou s’approvisionner, autant les Vitréens apprécient particulièrement de venir faire leurs achats alimentaires le samedi matin.

C’est avec l’association qui regroupe les producteurs du « petit marché » que la ville doit étudier l’évolution à donner à ce marché. Il peut apparaitre souhaitable de le déplacer vers une place dans le centre ville (plutôt la place Notre Dame, cela rappellera aux anciens Vitréens la présence de la halle au beurre à cet endroit), mais la spécificité de ce marché ne doit pas être dénaturée par un développement trop rapide et la venue de vendeurs non désirés.

 

Les AMAP, Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne

C’est un partenariat de proximité entre un groupe de consommateurs et un producteur local, basé sur un système de distribution de « paniers » composés des produits de la ferme. C’est un contrat solidaire, basé sur un engagement financier des consommateurs, qui paient à l’avance la totalité de leur consommation sur une période définie par le type de production et le lieu géographique. Ce système fonctionne donc sur le principe de la confiance et de la responsabilisation du consommateur.

 

Ø       Aider le commerce de proximité

La 3ème grande surface est le résultat d’une politique financière à court terme qui se moque des besoins d’un commerce durable au service des consommateurs et des producteurs. Nous souhaitons, pour notre part, que soit privilégié le commerce de proximité, celui du centre ville et celui des quartiers pour un autre urbanisme commercial :

§         Dans le centre ville

-          en préemptant des pas de porte afin d’éviter le rachat par les mêmes propriétaires et renouveler ainsi le tissu commercial,

-          en facilitant les livraisons en centre ville par des navettes qui font le lien entre les lieux de déchargement sur des parkings excentrés et les commerces du centre ville,

-          en mettant à disposition, sur les lieux de stationnement, des cabas à roulettes pour les Vitréens venant faire leurs courses en centre ville,

§         nous refusons la généralisation de l’ouverture des commerces le dimanche, les salariés de ces commerces en seraient les premières victimes et il convient selon nous de garder le dimanche comme un jour sans consommation,

§         nous soutenons le commerce équitable, un autre commerce est possible.

 

« Le 3ème hypermarché alimentaire venu (Intermarché) n’a pu trouver sa place dans une ville de 16 000 habitants. Résultat : il est bien en dessous de son seuil de rentabilité »

Un responsable de la CCI de Fougères dans Ouest France du 17 janvier 2008